Protéger le bois de construction avec un sous-produit de la fabrication du fromage?
31 octobre 2022
La peinture appliquée sur le lambris de bois du mur extérieur de votre maison s’écaille? Les planches du patio se fendillent et des champignons se sont installés dans les interstices? C’est ce qui se produit lorsque le bois gonfle et se contracte à répétition. Des chercheurs de l’Université Laval pourraient bien avoir trouvé une solution écologique à ce problème grâce à un traitement du bois qui fait appel à un sous-produit de la fabrication… du fromage!
Le sous-produit en question est le perméat d’ultrafiltration de lactosérum. « Le lactosérum est le fluide qui reste une fois que la majorité des protéines et de la matière grasse ont été extraites du lait pour produire du fromage, explique Julien Chamberland, professeur au Département des sciences des aliments de l’Université Laval et l’un des responsables du projet. Il existe des procédés pour valoriser les protéines résiduelles du lactosérum, mais ils génèrent eux aussi un abondant volume de perméat – on parle de plus de 500 millions de litres par année au Québec – qu’il faut aussi valoriser. »
Le professeur Chamberland et ses collègues Véronic Landry, du Département des sciences du bois et de la forêt, et Gaétan Laroche, du Département du génie des mines, de la métallurgie et des matériaux, ont uni leur expertise pour développer une application inusitée de ce sous-produit. Le procédé qu’ils ont mis au point consiste à utiliser le perméat d’ultrafiltration pour assurer la stabilité dimensionnelle du bois.
Pour ce faire, le bois est immergé dans une solution contenant le perméat et des composés non toxiques comme de l’acide citrique et du glycérol. Après deux heures de trempage, le bois est placé dans un four pendant 24 heures. « Nos analyses montrent que les petites molécules du perméat s’intègrent dans la paroi cellulaire du bois et qu’ils rendent le tout très stable, explique Véronic Landry. Les cellules restent gonflées en permanence, ce qui prévient les dommages causés par le gonflement et la contraction du bois. »
Les chercheurs évaluent présentement l’efficacité de ce traitement sur des échantillons d’épinettes blanches et de peuplier faux-tremble exposés aux éléments. « Chaque essence a ses particularités structurelles et nous devons évaluer dans quelle mesure le traitement assure sa stabilité dimensionnelle, précise la professeure Landry. Les intrants auxquels nous faisons appel sont beaucoup moins coûteux que l’acétylation du bois, un traitement utilisé en Europe. En plus, notre procédé ne fait pas intervenir de produits nocifs pour l’environnement ou pour la santé des travailleurs. Si les essais sont concluants, nos travaux pourraient conduire à la création de nouveaux marchés pour des essences peu valorisées comme le peuplier faux-tremble. »
Les détails de cette innovation ont été présentés il y a quelques jours à Vancouver lors de la 72e édition du Congrès canadien de génie chimique.