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Notre doyenne Nancy Gélinas présente ses vœux de la nouvelle année pour le secteur forestier québécois

25 janvier 2023

Que nous portions le chapeau de l’expert, celui de l’utilisateur ou du citoyen, nous partageons toutes et tous la mission d’assurer une utilisation et une protection durables des ressources forestières. Rappelons-nous que c’est grâce à ces ressources que le Québec s’est développé et est devenu ce qu’il est aujourd’hui. Les Québécoises et Québécois ont le devoir de respecter les écosystèmes, sources de vie, moteurs de nos économies et de nos identités.

J’aime sincèrement le monde forestier et je lui voue un grand respect. C'est un milieu qui regroupe des gens passionnés et engagés qui, sous des allures de durs à cuire, présentent aussi un côté tendre. Cet univers forestier, ce monde unique, est composé d’une diversité d’acteurs, de possibilités infinies d’usages et de produits. Il est d’une complexité déroutante qui force une constante remise en question.

Depuis plusieurs décennies, nous avons adopté les fondements de l'aménagement durable des forêts. Toutefois, à la lumière des résultats issus de la science et des nombreuses préoccupations citoyennes, force est de constater que cette approche n'est plus suffisante. Le contexte climatique ajoute un fort degré d’incertitude et une pression supplémentaire sur les écosystèmes forestiers. Il est temps de prendre un pas de recul et de réaligner nos ambitions sur les concepts de résilience, de durabilité et d’équité intergénérationnelle, tout en assurant le bien-être des générations présentes.

Je pose la question aux forestières et aux forestiers : pourquoi avoir choisi ce domaine? Probablement parce que vous êtes des amantes et amants de la nature et des forêts, je le constate en effet en côtoyant des cohortes étudiantes depuis plus de 25 ans. Mais aussi parce que la nature peut être imprévisible et que le monde forestier se présente sous de multiples facettes, comblant ainsi vos diverses aspirations personnelles et professionnelles. Chaque jour, un nouveau défi vous attend et vous amène à discuter avec des collègues, des partenaires ou même des concurrents, afin de trouver des solutions innovantes à des problèmes parfois simples, parfois complexes.

Nous observons de nombreuses querelles intestines dans le secteur forestier. Mais c’est ce qui fait la beauté du secteur! Sans tiraillements, discussions, conflits, il n’y aurait aucune remise en question et donc aucune innovation. Que ces mésententes servent de levier pour travailler ensemble, TOUS ensemble, afin de mieux appréhender les incertitudes du futur.

Comme doyenne de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, une faculté qui aborde les enjeux liés à la société, au territoire et à ses ressources, et ce, sous différents angles, je constate la présence d’une nouvelle génération de professionnelles et professionnels, de forestières et forestiers, tournée vers l’avenir. Cette génération habite la forêt, tout comme la forêt l’habite. Une génération qui a à cœur d’aménager la forêt afin qu’elle demeure à la fois source de richesses pour la population québécoise et source de vie pour nombre d’espèces fauniques et floristiques. Accordons-leur notre confiance, offrons-leur des perspectives et appuyons-les dans leur cheminement professionnel.

Comme doyenne, mais également comme professeure-chercheure et comme citoyenne, je reconnais l’importance de notre industrie forestière. J’ai toujours considéré sa présence comme étant essentielle dans le paysage québécois et pour les communautés qui en vivent. Par mes nombreux travaux de recherche et mon enseignement, j’ai démontré ma volonté d’appuyer à la fois les communautés forestières et les structures industrielles régionales. Et c’est dans cette optique que j’accompagne mes collègues de la faculté pour la mise en œuvre de projets innovants, diversifiés et mobilisateurs qui viennent appuyer autant le développement de nouvelles connaissances liées aux écosystèmes forestiers, que le déploiement d’un secteur forestier fort et résilient.

Revisiter nos schèmes de pensées, nos manières de consommer et de produire, ou même parler de décroissance, ne signifie pas une volonté d’éliminer un secteur industriel. Cela signifie plutôt de chercher à produire autrement, à consommer autrement, de chercher à optimiser nos ressources pour produire plus de valeur avec moins d’intrants. Certains parleront d’économie circulaire, je parlerais simplement de gros bon sens.

Je suis profondément convaincue que nous pouvons faire mieux. En mobilisant les savoirs scientifiques et traditionnels, les expertises, l’ingéniosité des individus et la volonté de mobilisation de la population, et en testant de nouveaux modèles de gestion et d’aménagement, nous avons tout en main pour changer le cours des choses et soutenir un secteur forestier qui continuera de créer des milieux où il fait bon vivre.

Je souhaite que vous vous joigniez à moi pour que le Québec devienne un modèle forestier innovant, un territoire riche de ses ressources, de ses savoirs et de sa culture forestière. C’est en poursuivant ensemble notre chemin, et en conservant un dialogue constructif et empreint de respect que nous pourrons y arriver.

Nancy Gélinas
Doyenne
Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique

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