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La Forêt Montmorency, un pilier pour la relève en foresterie au Québec

19 septembre 2024

Ce laboratoire à ciel ouvert a marqué trois générations de la famille Bouliane et de nombreux ingénieurs forestiers en enseignement et en recherche

«C'est un peu ma forêt», lance Paul Bouliane, qui fut l'aménagiste de la Forêt Montmorency pendant 35 ans. Il se sent privilégié d'avoir contribué à l'histoire et à l'adaptation de la plus grande forêt de recherche et d'enseignement universitaire au monde. «Je devais être à la hauteur de la réputation de l'Université Laval, au sein d'une équipe dévouée à toujours faire mieux», raconte-t-il.

L'aménagiste était, entre autres, responsable de planifier les coupes forestières pour la mise en marché de quelque 10 000 m3 de bois annuellement. «Sur une forêt de 6500 hectares, ça prend une bonne connaissance du territoire pour bien couper. C'était un travail délicat. Je me sentais comme un artiste peintre.»

Paul Bouliane a particulièrement aimé sa collaboration avec les professeures et professeurs de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique. Sa gestion de la Forêt a d'ailleurs inspiré l'un des professeurs dans la création d'un modèle de sylviculture encore utilisé aujourd'hui, la forêt mosaïque.

Durant sa carrière, Paul Bouliane a vu passer la relève en foresterie, dont sa fille, Julie Bouliane, qui a pris la relève comme aménagiste à la Forêt Montmorency durant 13 ans.

Elle n'a jamais regretté d'avoir suivi les traces de son père. «Comme ingénieure forestière, de pouvoir travailler en forêt, d'y passer la majorité de son temps, c'est exceptionnel, soutient-elle. J'ai pu vivre toutes les étapes du travail de foresterie, que ce soit de planifier et réaliser les coupes et le reboisement, et voir le résultat.»

Durant sa carrière, elle a entrepris de documenter les pratiques de son père et les nouvelles approches. «On partait de 35 ans de traditions orales, rapporte Julie Bouliane. C'est important de mettre tout ça par écrit pour que ça perdure. Il se fait de belles choses à la Forêt, il faut qu'elles soient partagées, qu'on laisse des traces.»

Les écrits de Julie Bouliane sont maintenant cités dans des travaux universitaires par des camarades de son fils, Cédrick Jalbert, qui étudie à son tour au baccalauréat pour devenir ingénieur forestier.

Son amour de la nature a commencé alors que sa mère l'amenait à la Forêt Montmorency avec elle lors des journées pédagogiques. «Quand j'étais jeune, je voulais un casque comme ma mère, avec mon nom et le titre d'ingénieur forestier», se remémore Cédrick Jalbert. Il avait fait lui-même son étiquette. «Ma mère m'avait prévenu que je ne pouvais pas encore utiliser le titre d'ingénieur forestier, alors j'avais réimprimé une étiquette avec juste mon nom, mais dans pas long, je vais pouvoir écrire mon titre», souligne-t-il avec fierté.

Un modèle pour l'enseignement au Québec

La Forêt Montmorency a motivé son choix de carrière et il y voit un modèle pour la relève. «C'est la première expérience forestière pour beaucoup d'ingénieurs forestiers, alors c'est important que la Forêt reste un pilier pour l'enseignement au Québec».

Une vision que partage la doyenne de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, Nancy Gélinas. «Nous sommes la seule faculté au Québec à enseigner le programme de génie forestier, nous devons nous doter des meilleures installations pour assurer une formation à la fine pointe des connaissances et de la technologie.»

Outre l'enseignement, la Forêt Montmorency recèle un potentiel énorme en recherche. «Nous devons être en mesure de répondre aux enjeux actuels et futurs», souligne Jean-Francois Lamarre, directeur du domaine forestier de l'Université Laval. Selon lui, l'arrivée récente de nouveaux membres du corps professoral à la Faculté permet de renouveler les thématiques de recherche grâce à leur expertise, notamment en restauration et en gouvernance. «Ils vont pouvoir apprivoiser la Forêt et suivre son évolution dans le temps. C'est l'une des forces de la Forêt, car beaucoup de choses peuvent se passer en 50 ou 60 ans», ajoute-t-il. L'intégration de nouvelles technologies comme les drones bonifient également la recherche.

Un autre avantage est la grandeur de territoire. «Nous voulons faire une expérience à très grande échelle pour étudier différents modèles d'aménagement. La famille Boulianne a testé le modèle de la forêt mosaïque, mais nous voulons voir si d'autres approches peuvent répondre aux enjeux actuels», rapporte Nancy Gélinas.

Pour élargir les horizons en recherche, la doyenne souligne l'importance d'investir dans des infrastructures plus vertes et plus technologiques. «Nous pourrions ouvrir nos portes d'autres facultés pour l'efficacité énergétique ou pour le potentiel des bâtiments en bois», soutient-elle.

La capacité de l'Université Laval de rénover et d'entretenir ses bâtiments a toutefois été réduite à la suite de l'annonce du ministère de l'Enseignement supérieur limitant le financement des infrastructures. «Si nous voulons des infrastructures à la hauteur de nos ambitions, nous allons trouver une façon de le faire. La coupure majeure du gouvernement ne nous arrête pas.»

Source : ULaval nouvelles

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